Et oui, c’est bien un aveu d’échec auquel nous avons assisté la semaine dernière lorsque Vladimir Poutine a déclaré que « les premiers objectifs » de son « opération militaire spéciale » avaient été atteints et que, désormais, la guerre allait se concentrer sur le Donbass.
Car souvenez- vous : lorsque l’armée russe entre en Ukraine, le 24 février, c’est pour réaliser de vastes ambitions : dénazifier le pays (j’utilise le vocabulaire poutinien…), remplacer son gouvernement, détruire l’armée nationale ukrainienne, et transformer le pays en État neutre. Excusez du peu…
Ah ça, c’est le moins que l’on puisse dire ! Je ne m’attarderai pas à la « dénazification » de l’Ukraine : il y a pas davantage de néo-nazis en Ukraine que dans les rangs du « Groupe Wagner », cher au Kremlin ou parmi les volontaires européens qui combattent dans les brigades de mercenaires engagées auprès des séparatistes du Donbass. Mais pour le reste, le gouvernement légitime d’Ukraine est toujours en place, Zelensky n’a été ni renversé ni assassiné, l’armée ukrainienne est très loin d’avoir été détruite comme on le voit chaque jour, le pays n’est pas neutre, mais soutenu par l’OTAN et l’Union européenne et les troupes russes ne contrôlent aucune grande ville. Bref, la guerre éclair se poursuit depuis plus d’un mois maintenant et les succès russes sont rares…
À mon humble avis, de deux manières. D’abord un aveu d’échec, comme vous le disiez et ensuite, peut-être, une ruse de guerre.L’échec d’abord : avec le bilan que je viens de tracer, avec 9000 à 15000 soldats tués et sans doute le triple de blessés, prisonniers ou déserteurs, avec un matériel important détruit et avec un soutien occidental qui se renforce de jour en jour, il est difficile, même pour Vladimir Poutine, de crier victoire. Donc, on balaye les ambitions affichées au départ de la guerre et on passe au « Plan B » : se concentrer sur le Donbass dans le but d’y consolider les républiques séparatistes et, sans doute, à terme, de les rattacher à la Russie ou de tenter d’imposer une partition du pays. Une manière comme une autre de ne pas perdre la face…
Oui, en effet. Par sa déclaration, Vladimir Poutine tente peut-être simplement de gagner du temps. Il hésite peut-être encore entre une option maximaliste, occupée toute l’Ukraine et un plan au rabais : créer un état fantoche vassal de Moscou. En tout état de cause, au Sud-ouest, à Odessa Et Mykolaïev, par exemple, la pression russe se relâche un peu. En revanche, sur toute la côte de la mer d’Azov, au Sud-est, Moscou maintient une forte activité militaire. On voit là se préciser un plan stratégique possible, assurer une continuité territoriale entre l’Est séparatiste et la Crimée et, du même coup, transformer la Mer D’Azov en mer intérieure russe. Mais seuls les développements des prochaines semaines permettront d’y voir plus clair.
Probablement pas dans l’immédiat. Et de toute façon, très clairement, même un cessez-le-feu ne résoudrait rien puisque ni Kiev ni ses alliés occidentaux ne reconnaîtront le fait accompli. Les combats vont donc continuer et les risques de débordement des frontières ukrainiennes restent réels.
Si Moscou franchit les frontières ukrainiennes et s’avance « d’un centimètre sur le territoire de l’OTAN, la riposte sera immédiate. Par ailleurs, si les forces russes utilisaient des armes chimiques ou, pire, nucléaires tactiques en Ukraine, le pire serait possible. Ce sont les fameuses « lignes rouges » ont on nous parle depuis plusieurs semaines maintenant.
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